GR 20 Jour 3: Castel di Vergio / Vizzavona
Publié le 23 Août 2010
Castel di Vergio, le 23 juin 2010,
Petit dej tranquille, Eric nous négocie du pain supplémentaire.
En tout cas ici, nous avons été bien accueillis et le patron était bien sympa.
Etape annoncée : Castel di Vergio – Vizzavona (par la variante de crêtes)
- logiciel memory map : 40,1 km / 3237 m D+ / 3726 m D-
- logiciel georando : 40,5 km
- Topoguide : 2384 m D+ / 3043 m D-
7H26, top départ !
Un peu plus dur ce matin le démarrage pour moi, j’y vais doucement.
Puis j’ai peur quand même pour mon genou, j’ai peur de devoir abandonner… Dans ma tête je pense « il faut tenir jusqu’à ce soir » ; à Vizzavona les choses pourront être plus simple pour jeter l’éponge.
Devant Julien et Alex mène le train, Eric ferme la marche.
J‘ai remis ma genouillère pour le genou mais j’ai peur que ça me déséquilibre un peu tout la jambe… ma genouillère va faire le yoyo un peu toute la journée : au genou ou à la cheville, suivant le terrain.
D’ailleurs en ce début d’étape, le terrain est enfin un peu roulant, on peut courir, ça nous change de ces deux premiers jours.
J’ai ressorti mes bâtons (depuis notre départ je m’en suis servi uniquement le premier jour, la première montée).
A la bifurq pour le col San Pedru, Julien, devant nous, ne s’est pas arrêter et a filé, Alex attend Eric et moi je commence à monter tranquillement.
Au Col, Julien lancé est déjà reparti ; Alex, Eric et moi nous nous regroupons. J’adore cet endroit, je le trouve magnifique (juste dommage qu’une ligne haute tension passe dans le paysage).
Je mange un bout et nous repartons ensemble.
Montée bien agréable avec Alex.
Au col on rejoint les 2 dernières concurrentes de la course qui filent à notre arrivée. Je range mes bâtons (et ce, finalement jusqu’à l’arrivée à Conca).
Après avoir un peu attendu, on décide de filer et d’attendre Ricci un peu plus loin.
On débouche sur le lac de Nino… Somptueux !!!!!!!
Séance photos et finalement Eric nous rejoints.
J’ai tellement rêvé de courir là… déjà en 2001 avec mes parents ce passage m’avait fait rêver… aujourd’hui j’y suis… du mal à réaliser… presque dur de vivre, d’apprécier ce moment que j’ai tellement attendu… mais un moment particulier…
On file bon train avec Alex. Eric a plus de mal sur ces parties qui courent.
Toute la partie qui suit est agréable à courir (et ce jusqu’aux bergeries de Vaccaghia).
C’est le moment ou c’est simplement facile de courir, de laisser son corps filer…
Après les bergeries, on rejoint Julien qui se retrouve en charmante compagnie : il a rejoint et accompagne 3 concurrentes de la course.
Alex et moi continuons sur notre rythme, petits raidillons et hop on arrive au refuge de Manganu.
On se pose, commande des canettes. C’est fou comme un simple Ice tea peut faire du bien !
Julien arrive avec ces 3 nanas.
Les filles repartent, de notre côté on attend Ricci.
Petite inquiétude quand même, les écarts sont importants avec Eric, et le temps passe. Ca va être serré vu les journées que l’on se tape.
Et aujourd’hui, il nous reste quand même de beaux morceaux !
Allez faut pas trop réfléchir, faut avancer, on repart. Montée de la brèche de Capitello.
Belle montée dans un terrain bien alpin, rocheux et finissant par un beau névé (seule fois ou je sortirais mes lunettes de soleil).
On apprécie cette arrivée avec Alex. 3 concurrents de la course sont en train de casser la croute et repartent peu après.
Nouveau passage mythique du GR.
Julien nous rejoint.
Dans l’attente je réussis à avoir du réseau et récupérer mes messages. Ca fait du bien d’entendre mes « voix ».
Les 3 filles arrivent.
C’est cool ses passages, on se félicite, on partage, on apprécie.
Eric arrive et commence à être marqué ; les pieds le font vraiment souffrir.
On repart tous ensemble. Quelques névés à passer.
On domine le Lac de Capitello et Melo… c’est encore et toujours magnifique.
Les chemins sont toujours bien techniques.
Petit à petit on lâche les filles, mais Eric en bave.
On avance, Alex finit par prendre le sac d’Eric pour la montée du Bocca Muzzella.
On arrive au col. Eric récupère son sac.
On attaque la descente sur le refuge de Petra di Piana.
Encore bien technique, je laisse aller et me fais bien plaisir.
6H58 depuis le départ, Alex et moi, puis Julien arrivons à Petra di Piana.
Il est temps de faire un arrêt ravito.
Je me dirige vers le refuge et le gardien, lui demande si on peut manger… et sans me regarder et me répondre, me tend une patate,… puis après un instant me dit « si tu veux manger »…
Je préfère rien dire et attend.
Il finit par lâcher d’aller voir à l’intérieur sa femme.
A l’intérieur sa femme donc et une petite épicerie de refuge (mais rien de chaud). On prend de quoi manger et ressortons vite de là.
Eric n’est pas encore arrivé.
La question se pose : est ce qu’on peut continuer comme ça ?
Il nous reste encore de la route et il faudrait quand même avancer un peu plus vite pour être plus serein. Mais comment faire ? on est parti à 4 !
Et pour Eric ? La situation ne va-t-elle pas empirer pour lui. Difficile.
Eric arrive et conclut lui même la chose : il arrête. La descente lui a été fatale.
En plus des 2 ongles des orteils qui ont sauté et qui le font « jongler » en descente, les cuisses ont reçu aussi à force de compenser d’un côté de l’autre.
Pour lui pas possible d’aller plus loin aujourd’hui.
Situation difficile, mais il nous faut continuer si on veut rentrer à temps.
Dans le cas d’Eric, je ne voudrais pas que mes potes lâchent le truc… mais c’est dur de le laisser là.
Eric se renseigne si il va pouvoir quand même dormir ce soir et comment il peut se débrouiller demain.
Pour le lendemain, il va lui rester de la rando pour arriver au prochain village mais ça pourra se goupiller à peu près bien pour la suite.
Par contre le refuge est plein, et il ne peut dégoter qu’une place dans une tente.
Le hic : on parti sans sacs de couchage.
Alex lui file son sac à viande un peu plus épais, je lui file ma couverture de survie (qu’Eric n’utilisera pas avec une nuit à 4°C dehors et 7°C dans la tente !!!).
On lui laisse aussi le reste de nos provisions.
Faut qu’on parte.
On peut plus faire grand-chose d’autres.
Rendez vous pris pour Conca.
En fait, on fait une petite erreur… Les 3 concurrentes ne sont pas encore passées, et selon elles la course impose une barrière horaire en bas (après les bergeries de Tolla je pense) et un rapatriement en minibus sur Vizzavona pour ceux hors barrière horaire.
Eric aurait peut être pu se requinquer un peu, filer avec elles et essayer de se faire rapatrier par la course (avec le risque quand même d’un refus de leur part).
On n’a pas assez percuté sur le coup et proposé cette solution à Eric.
A ce moment-là pas sur qu’Eric se soit senti de repartir quand même.
De notre côté, on redémarre… ambiance bizarre…
On a finalement décidé de passer par la variante des crêtes. Plus directe, moins longue et surement plus intéressante (je garde un souvenir mitigé de la remontée sur le refuge de l’Onda lors de la rando avec mes parents).
Effectivement malgré des nuages et du brouillard par endroit, on trace facilement et 1H25 plus tard, on passe le Bocca d’Oreccia et on attaque la dernière grimpette de la journée.
On passe au dessus du refuge de l’Onda et on hésite à redescendre pour se ravitailler en eau. On décide de tenter le coup et de filer (la flemme de se taper l’aller retour).
Cette portion va me sembler longue et difficile, on commence à accuser le coup.
La flotte finit par manquer un peu à la fin pour Julien et moi.
On arrive enfin à la bascule.
On souffle un peu, même si il reste à nous gaufrer 1200 m de descente !
La première partie en plus ne descend pas vraiment et vallonne pour rejoindre le sentier du Monte d’Oro.
On commence quand même à croiser des petits ruisseaux et on peut enfin remplir nos bidons… mais il faut encore attendre ½ heure que les cachets fassent effet.
Heureusement nous sommes en descente et j’arrive mieux à gérer.
La descente est de nouveau bien technique mais également de nouveau magnifique.
On passe 2 concurrents de la course, la fin se rapproche.
Bifurcation : Vizzavona Gare / Col de Vizzavona ?
On se tape un petit bout de remontée vers le col de Vizzavona avant que Julien, pris d’un doute, vérifie.
Demi tour, on doit descendre à Vizzavona gare.
On réattaque un bout de descente puis un chemin forestier en forêt ou l’on se pousse à courir à 10 km/h…
Première maison de Vizzavona, on arrive enfin à notre gite, il est 8H moins 10, on a mis + de 12H00 pour faire cette étape.
Etape réalisée: Castel di Vergio - Vizzavona
- 12H21
- GPS Julien: 45,2 km / 2528 m D+ / 3000 m D-
- Polar Philippe: 2760 m D+ / 3037 m D-
Faut faire fissa, dans 10 min c’est l’heure du repas… On s’installe, confort spartiate par rapport à Castel di Vergio mais le prix n’est pas le même.
Je file vite à la douche, Ju fait pareil. Alex doit patienter (et prendra sa douche après le repas).
On arrive en ordre dispersé au repas mais finalement ça se passe bien.
J’en profite d’avoir un peu de réseau pour passer enfin quelques coups de fil.
Le repas est correct, la salle est pleine de randonneurs.
On va penser fort à Eric ce soir là, on rigole mais on sent tous les 3 que pour lui ça ne doit pas être très drôle.
Alex a eu des nouvelles, la température dans sa tente, le repas vendu par le gardien…
Pour lui là-haut c’est pas le super trip.
Fin du repas je récupère un sac de glaçon et file faire mes étirements.
Je suis vraiment content que le genou ait tenu.
Dans les parties techniques en montée (en fait quand il faut vraiment plier la jambe) j’en ai bavé mais pour le reste j’ai réussi à bien gérer l’affaire.
2 jours, il reste 2 jours !
On ne traine pas trop ce soir, la journée nous a quand même bien entamé, pas de lessive non plus pas le temps, ni le gout.
Allez dodo.