2021 07 10 High Trail Vanoise

Publié le 9 Août 2021

Le lien vers le récit sur Kikourou

High Trail Vanoise


Rendez-vous fixé de longue date. Vendu par jean avec pleins d’étoiles dans les yeux.

Retour pour lui sur un trail qui l’avait ébloui par son parcours, mais l’avait laissé sur sa faim de part les ennuis de bides ressenti en 2019.
Avec l’envie de moins subir et plus profiter d’un parcours majeur.

Et du coup en 2021, une course en duo est créée, Jean me propose… Je ne m’imagine pas une seconde refusé cette proposition… Un, parce que Jean m’a tellement « vendu » ce parcours, deux, parce que je serine Jean pour faire une course ensemble et concrétiser la complémentarité qui me semble caractérisé toute nos sorties.

Bon 15 jours avant, avec les copains on se cale un 24H à la Tournette… Va falloir récupérer !

Vendredi fin d’aprem, Jean me récupère, go direction Val d’Isère.

Trop bien. J’ai une petite histoire avec Val d’Isère. J’y ai « beaucoup » skié, et la station a représenté pour moi un certain idéal de ski à une époque.

Mais ça faisait bien longtemps que je n’étais pas remonté là-haut !

Installation au camping. On va récupérer notre dossard. Retour au camping. Puis direction le briefing.

Retour au camping. Il est déjà un peu tard, le soleil se couche. On mange vite fait, faire chauffer un peu d’eau, une infusion et hop dans le tente.

Je bouquine un moment, puis essaye de dormir.

Bon la nuit ne sera pas exceptionnelle, et bien sûr très courte.

On s’habille, petit dej, il fait relativement bon. Les étoiles sont magnifiques. C’est décidé on part en short, et en booster pour moi.

Allez direction le départ. On y arrive quelques minutes avant le top.

Météo annoncé parfaite.

Chek avec mon Jean. Trop content de passer cette journée ensemble.

Et c’est parti.

Faut courir, et donc je souffre.

1, 2, 3 km… Je me sens bien moyen. Les jambes lourdes, caractéristiques des jours compliqués. J’ai des tensions rapidement dans les mollets, ischios… Bref je dis rien et serre les dents.

On attaque enfin à monter pour de bon. Ça me permets de prendre un rythme qui me convient bien mieux.

Jean me semble facile. Le jour commence à se lever.

Pas de panique, la journée va être encore longue. Passage dans un « corridor » gelé juste avant le Col des Prés. Je m’y pète la gueule sur le passage en glace vive. Heureusement sans mal.

Après le col, je m’arrête pour une pause technique.

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On repart, passage col des de Fresse. Puis on repart à la montée. Et on arrive enfin sur une piste enneigée, on chausse les crampons ou Yactrack. Et sort les bâtons.

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Je prends mon rythme. Le fait de passer sur la neige, me resensibilise au fait qu’on doit commencer à être haut en altitude. C’est ma plus grande crainte sur cette course. Ma tenue à l’altitude. Je sais qu’il faut que je gère cet élément. Donc je prends mon rythme et ne m’occupe pas (ou encore moins) des coureurs qui m’entourent. Jean reste tranquillement avec moi.

On progresse gentiment pour arriver au premier ravito au Panoramique.

Arrêt un peu long, mais j’en profite pour reboire un thé. On repart avec une seule flask de mémoire. La suite est l’aller/retour à la Grande Motte.

De nouveau ne s’occuper que de mon rythme. Gérer mes pulsations.

On voit passer les premiers passés dans le premier quart de notre montée. Le premier (qui finira deuxième) est à ce moment impressionnant.
Puis le 2e, Mickael Pasero – Petite anecdote, j’ai souvent croisé un gars sur l’UTMB, qui était 2 fois au ravito de la Peule lorsque je l’ai couru, puis recroisé sur la MaxiRace. Très sympa on avait à chaque fois discuté. Je l’avais recroisé à Vallorcine en 2017 il me semble, lorsque j’avais fait l’assistance de mon Julien sur l’UTMB. Il m’avait dit qu’il attendait « son » coureur… Mais on était dans le top 15-20 je pense, c’est là qu’il m’avait dit qu’il était le papa de Mickael Pasero.
Content pour ça de la victoire de Micka Pasero sur cet HTV.

On monte tranquille, on finit par arriver à la gare du téléphérique.

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On enquille, on passe dans un domaine « haute-montagne - alpinisme ». Je continue à me gérer au max.

Le passage au sommet est un pur moment. Quel pied ! Avec Jean ! Photos ! Comme tout le monde qui est passé là-haut on est un peu euphorique.

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On attaque la descente.
Ça bloque un peu dans le passage un peu serré.

Puis on retrouve les pistes. Allez zou.
Et là je me trouve pas hyper relâché, je trouve que je tape un peu, que les jambes sont moyennes.

On finit par rejoindre le Panoramique.
Jean est aussi un comme moi, nous sommes quand même un peu atteint. Moyen moins.
On va donc prendre notre temps. On profite de faire une pause technique.

On repart, toujours sur la neige.
On est chafouin tous les deux, pas les jambes des grands jours.
L’idée des 24 H de la Tournette, 15 jours avant, a quand même peut être laissé des traces !

Une dernière forte pente avant de quitter les crampons. En bas intervention des pompiers via hélicoptères pour un coureur.

On file.

La descente se fait par une large piste. Jean et moi sommes déçus de ce que l’on ressent.

Jean, comme moi, est plutôt à l’aise dans les descentes, et là on se sent déjà bien lourd, pas facile du tout.

Arrivée sur Tignes, traversée de la station, puis le lac. A plat.
Jean et moi nous prenons un coup de masse sur la tête. Hyper dur de relancer, scotché le long du lac. Un peu dur.

On dégage enfin de ce tour de lac et on attaque à remonter. Jean remet une petite pastille dans le début de montée, puis à la fin, laisse passer le mec pour qui il faisait le rythme et on file plus doux.

Jean n’est pas au mieux. Le bide commence à se brider complètement.
J’en profite pour quitter mes booster. Et là petite miracle. Instantanément je sens mes jambes récupérées un peu de fraîcheur. Et les tensions dans les releveurs s’estomper.

On repart. Jean subit un peu. C’est même dur de trottiner par moment.

On chemine quand même vers la Daille. Mais même si le cadre est dingue, le moral est pas top.

On arrive au ravito. Jean se pose. Gros besoin de récupérer. Le bide est bloqué. Complétement.

De mon côté je me sens limite et bois une flask complète. J’ai beau poussé Jean, il n’arrive pas à prendre grand-chose. Pas glop.

Allez faut repartir. On attaque à 10H30 du matin pour un des murs de ce trail, la montée au passage de Picheru. Et la température s’élève.

Jean s’accroche à mes pas. Mais c‘est dur. Mais j’ai confiance en mon Jean. Ça me rappelle la montée au Grand Colon l’an dernier dans Belledonne. Jean avait bien souffert de la chaleur, puis avec les températures qui avait baissé, le bonhomme était revenu petit à petit.

Je pense, j’espère que l’on va vivre un peu ce scénario ?

Je prends un pas au maximum régulier, tranquille. Jean s’accroche. Mais Il commence à bien payer.

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Je me dis que ça ne va pas top quand dans la montée il s’arrête une première fois. Il a même sorti les bâtons depuis le début de la montée !

Cette montée est un vrai bon gros morceau. Surement un vrai plaisir avec des jambes. Une bonne galère dans le dur.

Et le Jean y est en plein dedans. Mais ça ne rompt pas ! Ça avance doucement.

C’est une montée sans fin.

Un arrêt sous le sommet.

Passage au col de Picheru. Jean est bien entamé. Il ne boit quasi rien ! C’est dur ! Vraiment !

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Bascule dans la descente. Jean n’a pas – loin de là – son rendement habituel.

On trottine. On arrive en bas. Cheminement sur une piste. Jean est mal. Passage à un torrent. Trempage du bonhomme. Essai de se faire rendre.

On avance un peu.

Je lui propose qu’on s’arrête dix minutes faire la sieste.

On se pose dans un champ d’herbe. Au soleil. 5 min tranquille, yeux fermés.

Puis je regarde l’heure et je me mets à éternuer. Impossible de m’arrêter pendant les 5 min qui suivent.

La pause n’a, malheureusement pas eu grand effet sur Jean. Son ventre n’a pas réussi à se détendre. Le temps passe et Jean ne récupère pas. Les gens qui nous doublent sont marqués aussi. C’est dur pour tout le monde.

De mon côté, malgré les sensations peu géniales du matin mais vu malheureusement notre rythme, je ne me sens pas trop mal. Même si je ne pense pas que ça aurait été une grande journée pour moi si on avait vraiment couru à notre rythme habituel.

Le paysage sur l’aiguille de la grande Sassière est dingue. Majestueux.

On attaque la montée au col de la Baille.

On essai une nouvelle tactique pour soulager Jean. Rien n’y fait. On est reparti depuis plus de 3 heures de la Daille, et Jean a dû boire une demi flask et mangé un nougat…

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Jean est désespéré. Surtout désolé pour moi.
J’essaie de le rassurer. Ça ne représente tellement rien par rapport à toutes les foulées que l’on partage.
T’inquiètes.
C’est juste dur de te voir comme ça.
Et ne pas te voir revenir. Ne rien voir s’améliorer.

Col de la Baille.

On n’est plus tellement dans la contemplation.

Allez on bascule. Jean trottine légèrement, mais ce n’est tellement pas mon Jean habituel.

Dans la descente je me rends compte d’un seul coup d’une chose : la BH ! A force de prendre notre temps, où en sommes-nous ?

Je lâche Jean un moment et revient sur une fille qui venait de nous doubler, et lui demande si elle connait la BH au Fornet : 15H00 (de mémoire)

Ça devrait le faire mais c’est tendu… et surtout ça veut dire que si on repart, c’est avec la barrière à nos fesses !

Ça fait drôle d’un seul coup de prendre ce paramètre en compte.

Jean par contre n’y est plus du tout.

Que faire ?

On file on verra bien.

On finit par arriver au Fornet, accueilli par les parents de Jean. Qui nous poussent à aller au ravitaillement.

Que faire ?

Jean, je pense, est parti pour jeter l’éponge.

Que faire ?

Déjà la BH ? Elle est retardée jusqu’à 15h15 au Fornet. Par contre celle du Col de l’Iseran sera à 16H45 sans retouche.

Ça nous laisse en tout cas 20-25 min au ravito du Fornet.

J’ai envie de tenter quelque chose, je mets un marché entre les mains de Jean et je fais tout pour entrainer Jean comme si ce marché était validé.

Parce que j’y crois. Parce que je ne veux pas que Jean est de regret après. Tout tenter tant que c’est possible.

« Jean : on se ravitaille, on repart et si ça ne va pas, ou dès que ça ne va pas, on arrête. Mais au moins, on tente. »

Et dans ma tête je pense au Grand Colon, à la baisse des températures et espère que la machine Jean va repartir.

Essayer de le faire boire un peu au ravito. Manger un peu (compote).
Moi je me réhydrate à bloc. 1L mini dans le cornet.

Je me charge en flotte pour la suite, si jamais la machine Jean redémarre.

J’essaie à la fois d’être sûr de moi, de ne pas faire apparaitre de doute en moi et de rassurer aussi les parents de Jean.
Et j’avoue, je crois vraiment encore sincèrement que ça va revenir pour Jean.
J’y crois bien plus que lui.

L’atmosphère un peu spécial de ce ravito, est complété par les participants et participantes à un mariage qui circulent au milieu de nous.

On finit par repartir. Jean un peu mieux. On attaque dans une forêt.

Jean marche bien, on monte à 550 m/h, un gars nous a annoncé 700-800 m pour le col de l’Iseran.

Au niveau timing, ça joue…

J’y crois. On a peut-être bien fait…

Mais malheureusement non. Petit à petit le bide de Jean se bloque de nouveau. Le rythme baisse. Jean est dans le dur. Vraiment. Les arrêts s’enchaînent, appuyé sur ses bâtons.

C’est dur de voir Jean comme ça. Je m’en veux de l’avoir entrainé là-dedans après le Fornet.

Voilà le temps s’égrène. Ça ne le fera plus. De toute façon, il n’y aurait aucun intérêt de poursuivre dans cet état. Ça ne s’améliore pas. Le bide ne se délie pas.

On va aller jusqu’au Col de l’Iseran. Dans le mal ! Au courage de Jean.

On arrive au ravito. La BH est passé depuis un ¼ - 20 min je pense.

On se fait bipper, les derniers. On s’habille. Et on a la chance de sauter dans une navette quasiment tout de suite.

Et surtout le conducteur a une conduite assez douce. Parce qu’avec le bide de Jean, et le mien après une sortie de 15H, ça aurait pu vite être brouillon.

On se fait déposer à proximité au camping. On boit un coup, discute avec notre voisin de tente, et on file à la douche.

Jean est dépité, triste. Désolé.

Il n’y a pourtant tellement rien à mes yeux. Rien qui puisse faire naitre un quelconque ressentiment en moi, mon Jean !

Au contraire, je suis hyper fier. J’ai vu un mec costaud, tout donner, repartir, y croire, rien lâcher, souffrir sans jamais péter un plomb. Stoïque, avancer tant que les forces le permettait, être en vie tant que le chrono nous l’a permis. Tout tenter. Se rendre les armes à la main.

Je ne t’ai jamais vu aussi mal en course. Je garderais longtemps cette image de toi pencher sur tes bâtons. Et repartir à chaque fois.

Voilà c’était comme ça ce jour-là.
On a malgré tout passé une journée en montagne, on a encore vécu une nouvelle expérience.

Rien n’est jamais acquis de toute manière. Un CV de coureur ne représente plus grand-chose au départ d’une course.

Les compteurs sont toujours remis à zéro, et seules les forces et l’inspiration du moment nous guide sur une course.
Un CV n’est à considérer tout au plus que comme un réservoir d’expérience, un apprentissage incessant, une page d’un livre…

Et surtout, il nous reste à écrire encore quelques belles pages du livre ensemble!

***

Et si la course a été top niveau organisation, bénévoles, ambiances, y a quand même 2, 3 petits trucs qui m’ont chagriné au briefing

  • Pas d’élastique en course pour les duos
    « On n’est pas à la Pierra Menta ici »

1 – Pas top de rajouter des points de règlements lors du briefing

2 – Pas top ce petit ton condescendant /moqueur ? pour l’utilisation de l’élastique.

C’est, il me semble, en plus, bien mal connaitre une course en duo, la Pierra Menta et son caractère suffisamment alpin et engagé, et la culture des cordées propres à la « Haute-Montagne » justement

  • Dans le cas d’un abandon d’un des deux concurrents d’un duo, l’autre est forcé d’abandonner également. Il n’y aura aucune dérogation.

C’est dommage. Vu le nombre de duo engagé (à ce jour), le nombre de ce cas de figure pouvant se présenter me semble bien faible.
Et est-ce un obstacle aussi insurmontable à réaliser pour une organisation semble-t-il aussi pro que l’HTV ? Je ne sais pas matériellement.

Mais en premier lieu en plus, je ne pense pas que la demande serait énorme. En cas de blessures graves, chocs, traumatismes … dans un vrai duo, le coéquipier restant n’aura de toute façon aucune envie de continuer et d’abandonner son binôme !

A mon sens, la volonté de continuer pour le coéquipier restant doit pouvoir advenir dans le cas d’un abandon pour une cause relativement bégnine de son binôme mais qui l’empêche de continuer.
Avec une séparation obligatoire sur un point de contrôle, voire un ravito par exemple. Et pas de classement ni en duo, ni solo.

Deuxièmement, le fait de ne pas autoriser cette séparation, peut facilement entrainer une pression supplémentaire sur celui ayant la volonté de s’arrêter, mais ne l’acceptant pas pour son coéquipier… Et là est peut-être un danger !

Et enfin ce point me semble un peu dur financièrement.

Le prix d’inscription de la course, le prix éventuel pour séjourner à Val d’Isère, éventuellement un séjour familial… l’investissement peut-être important pour venir courir cette course.

Alors oui c’est un choix de s’inscrire en duo, mais balayer tout cela d’un revers de main limite goguenard m’a un peu chagriné.

  • Le matériel obligatoire

Bon là, pas compris le coup du T-shirt ML et collant dans le sac obligatoire.

Si envie de partir en long, on doit reprendre un 2eme collant (idem pour le T-shirt)

Mais si on part en short, non.

Et au briefing c’est juste dit en gros :« c’est comme ça et c’est tout ».

Est-ce que la philosophie du règlement était d’avoir un kit de survie avec un change chaud et sec à conserver et à n’ouvrir qu’en cas d’arrêt ou de situation « extrême » ?
En tout cas ce n’est pas indiquer comme tel sur le règlement ni expliquer au briefing.

Et du coup pour moi c’est contre-productif.
Une liste de matériel obligatoire doit malgré tout répondre à une logique, et là ce n’était pas clair du tout.

  • Le KV

La course est support du championnat de France. Dont deux représentants de la fédé dans la salle. Dont un tenant à ce qu’on ne dise pas KV mais course verticale…

… Je ne comprends pas ce type de démarche, le kV est rentré dans le langage courant aujourd’hui. C’est vraiment un combat d’arrière-garde, puéril de vouloir imposer autre chose, de méconnaissance aussi de la culture de la discipline, de vision « parisienne », fédérale… Un besoin de renommer pour mieux se l’approprier ?

***

Rédigé par Philippe PL

Publié dans #LES COMPETS

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